mercredi 23 février 2011

Bientôt une informatique "Made in China" ?


Fin 2010, le PIB de la Chine a doublé celui du Japon, atteignant les 6 milliards de dollars. La Chine devient second acteur mondial, certes encore loin derrière les Etats-Unis et ses près de 15 milliards.
Cependant, l'économie Chinoise croît 3 fois plus vite que celle des USA et la doublera dans 20 ans.
Il faut dire que le pays aux 1,3 milliards d'habitants (20 fois la France) est en croissance annuelle de près de 10%.

Certes, la Chine s'active aujourd'hui dans l'industrie de masse, mais elle souhaite aussi remonter dans le classement des entreprises innovantes où elle n'est actuellement que 27ème. Les universités fleurissent dans tout le pays, et la création d'entreprises IT innovantes va bon train.

Dans un excellent article de 01 Business & Technologies de février 2011, Erick HAEHNSEN nous détaille l'état de l'art des entreprises informatiques chinoises.

Trois constructeurs sortent du lot, on devra vite apprendre à connaître leur noms :
  • ZTE (Zhongxing Telecom)
    • 70 000 collaborateurs dont 52 500 cadres
    • 7 milliards de CA
    • Présent dans 140 pays
    • En 2010, ZTE fournit son 1er smartphone ZTE-Link, sous Android via Bouygues Telecom. Puis fin d'année, un 2ème smartphone Android, le ZTE-Blade. Avec écran capacitif multipoint pouces et un appareil photo.
  • Lenovo
    • On ne présente plus le fabriquant des anciens PC et ThinkPad d'IBM, achetés en 2005
    • 13 milliards de CA et 22 200 salariés

  • Huawei Technologies
    • 95 000 employés, dont 43600 en R&D
    • Près de 17 milliards d'euros de bénéfice en 2009
    • A modernisé l'intranet et le réseau fibre du Sénégal pour 50 millions de dollars
    • Attaque Alcatel, Ericsson et Nokia avant de s'en prendre à Cisco
Le logiciel est, quant à lui, encore un peu à la peine. Notamment à cause des règles encore floues entourant les accords commerciaux et les brevets... et les risques de copiage.

Cependant, l'offshore va se développer rapidement. 
Pas moins de 12 Silicon Valley sont en construction pour les 4 prochaines années, elles vont héberger plus de 1000 sociétés.
Deux d'entre elles existent déjà. L'une à Pekin accueillant déjà 20 000 start-ups. Une autre à Dalian (6 millions d'habitants, ville sortie de terre en quelques années) ou 620 stés IT emploient déjà 40 000 personnes et ou résident 810 000 étudiants.

Bref, dans 10 ans, l'IT Chinoise sera surement bien visible dans le monde occidental, lequel devra alors compter avec elle pour ses produits, services et marchés.

Des tablettes Lenovo accédant à un Cloud hébergé et infogéré à Pékin (comme à Bangalore) ?
Ce pourrait être alors pour l'Europe le "nuage" de la mousson.

dimanche 20 février 2011

Ma rencontre avec Steve JOBS, il y a 17 ans...



Steve JOBS, l'inventeur des iPhones, iPads, iMacs, iBooks, Macintosh, etc... est aujourd'hui malade et se retire du devant de la scène. Tous les acteurs de l'informatique lui souhaitent un prompt rétablissement, car le monde à encore bien besoin de ses idées.

Je me souviens comme si c'était hier d'une rencontre avec le bonhomme, c'était pourtant il y a déjà 17 ans. On le dit sûr de lui, de son destin, hautain, agressif, autoritaire. Mon souvenir est tout autre : celui d'un homme incroyablement passionné et "habité".

A l'époque ou je le croisa, il était pourtant « au plus bas ». 
 
Il avait été débarqué de Apple neuf ans plus tôt et s'était lancé depuis dans l'aventure NeXT qui fut un échec. Les machines et le système étaient géniaux, bien en avance sur leur temps. Mais ils étaient relativement chers, et n'ont pas rencontré leur public. C'était l'époque de la démocratisation de la micro-informatique, de l'essor de Windows 3 puis de NT4.

Mais ce ne fut que partie remise car TOUT ce que faisait NeXT serait recyclé plus tard :
  • l'aura mystérieuse autour des machines et de l'OS (aujourd'hui, on dit « le buzz »)
  • le look exact des fenêtres que l'on a retrouvé dans Windows 95, jusqu'à aujourd'hui
  • le look du desktop que l'on retrouve aujourd'hui dans Mac OS X et Windows 7
  • le look des machines sobres et noires, sans bouton, à écran plat, que l'on retrouve dans les iPhone, les iPad, ...
  • l'OS et son toolkit orientés objets, d'un usage simple et rapide, que l'on retrouve sur toutes les machines Apple
Bref, en 1994, l'aventure NeXT touchait à sa fin et Steve JOBS cherchait des alliances, notamment auprès de SUN. 
SUN était alors tout puissant : le grand « maître » d'Internet (des serveurs DNS, tout du moins, car le web n'existait pas) et le chouchou des facs, des labos de recherche et des développeurs des SSII.

Steve JOBS pensait doter SUN d'un OS et d'un toolkit objet plus moderne, ouvert sur le web « dynamique » en lui revendant les restes de ses composants NeXTStep, adaptés au Web (les "Web-Objects").

Cela ne marcha pas, et plus tard en 1996 Steve JOBS retourna chez Apple (alors au plus mal). Il revint à son poste de patron, avec son OS (et quelques dollars pour l'attirer). Un poste qu'il n'a plus quitté depuis. 
Il œuvra alors à injecter le plus possible "l'ADN" de son OS NextSTEP dans l'OS alors moribond du Mac : ce qui fut fait en 2000, avec la sortie du Mac OS X.

Fin de la parenthèse historique. 
En 1994, Steve JOBS était donc « au plus bas ».... Mais pourtant, l'homme que j'ai rencontré avait « le feu en lui », son charisme irradiait. Tout comme un réalisateur Américain, il avait connu l'échec d'un gros film, mais croyait dur comme fer en son scénario et se projetait totalement dans ses futurs projets.

Surtout, il était « abordable ». Le midi, à la fin de la pause déjeuner, nous sommes montés sur la scène du Palais des congrès de Paris. Un gars barbu, tout seul, était alors assis à la machine de démo projetée plus tard sur grand écran, juste pour vérifier et paramétrer son système.
Nous sommes allés le voir... c'était Steve JOBS. Bouillant sur place comme un ado passionné avec son logiciel perso (Qu'il allait l'après-midi présenter avec une extrême brillance, le palais des congrès fut conquis).
Nous lui avons dit ensuite être quelques "derniers" membres de la communauté NeXT en France et avons échangé quelques mots avec lui. 

Je lui ai notamment demandé pourquoi il ne faisait pas de pub en France de son système génial (Je pense qu'à l'époque, il n'en avait plus les moyens).
Ses yeux rieurs et brillants me fixèrent et sa réponse claire m'est resté marquée : « Si vous croyez en un logiciel, qu'il est bon, faites et refaites des démos pour convaincre. Sa facilité d'usage se communiquera alors inéluctablement de personne en personne. Cela sera alors 100 fois plus efficace qu'une belle publicité martelée pour un mauvais logiciel ».

Lorsque 10 ans plus tard, les iPhones se sont répandus dans le monde comme une trainée de poudre, la démonstration de ces propos fut brillamment apportée.

17 ans plus tard, Google garde toujours la trace de mon compte rendu de l'époque dans les newsgroups :

Car en 1994, le web n'existait pas, mais les newsgroups usenet étaient grandement employés.

mardi 8 février 2011

Quand l'armée rouge déferlera...


Aujourd'hui tout le monde a les yeux braqués sur les grands noms de l'informatique « moderne » (car tamponnés Cloud-Ready) : les Google, Apple, FaceBook, Vmware, … Microsoft, aussi, qui tente de rester dans le groupe des modernes en bombardant ses offres hébergées, même si son image d'éditeur est très associée aux PC, serveurs physiques et aux logiciels distribués.

Mais certains vieux acteurs restent embusqués, disposent de lourds moyens et peuvent sortir du bois sans qu'on ne les y attendent, lorsque le marché se matérialisera mieux avec une profitabilité concrétisée.

Il s'agit de l'éternel IBM, bien sur... mais aussi de l'éditeur Oracle, qui construit un peu dans l'ombre une véritable "armée rouge".

Car à la différence des flambeurs du net, et tout comme IBM, Oracle a déjà plusieurs marrons au feu (matériel, licences, maintenance et services) et des « marrons » robustes car implantés dans le business "historique" d'entreprise et donc très lucratifs.

Pour en juger, Oracle c'est : 1,9 milliards de dollars de bénéfice net sur l'exercice fin 2010 en progression de 28% sur un an, et surprenant les analystes. Un bond de +40% de son chiffre d'affaires en fin d'année.
Rappelons que Oracle émarge (par an) à environ 27,5 milliards de $ de CA dont 21 de logiciel, 2,5 matériel (issu de SUN) et 4 de services.

Bref, Oracle peut, aujourd'hui plus que jamais, investir et innover.

Il peut le faire notamment dans le Cloud où l'éditeur propose déjà de solides infrastructure (SUN, Exadata) et son offre de logiciels d'entreprise implantée et massivement utilisée depuis des années. Mais également, grâce à ses nouveaux outils bureautique "Cloudés" qui ajoute un concurrent face à Microsoft et Google.

De multiples rachats peuvent aussi lui permettre rapidement de diversifier son offre. Sur ce point, les rumeurs ne manquent pas avec les rachats récemment évoqués de noms prestigieux tels que : AMD, RedHat, Citrix, SalesForce et pourquoi pas EMC ou SAP.

Bref, un éditeur "lourd" sur lequel il faudra compter...

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