dimanche 20 février 2011

Ma rencontre avec Steve JOBS, il y a 17 ans...



Steve JOBS, l'inventeur des iPhones, iPads, iMacs, iBooks, Macintosh, etc... est aujourd'hui malade et se retire du devant de la scène. Tous les acteurs de l'informatique lui souhaitent un prompt rétablissement, car le monde à encore bien besoin de ses idées.

Je me souviens comme si c'était hier d'une rencontre avec le bonhomme, c'était pourtant il y a déjà 17 ans. On le dit sûr de lui, de son destin, hautain, agressif, autoritaire. Mon souvenir est tout autre : celui d'un homme incroyablement passionné et "habité".

A l'époque ou je le croisa, il était pourtant « au plus bas ». 
 
Il avait été débarqué de Apple neuf ans plus tôt et s'était lancé depuis dans l'aventure NeXT qui fut un échec. Les machines et le système étaient géniaux, bien en avance sur leur temps. Mais ils étaient relativement chers, et n'ont pas rencontré leur public. C'était l'époque de la démocratisation de la micro-informatique, de l'essor de Windows 3 puis de NT4.

Mais ce ne fut que partie remise car TOUT ce que faisait NeXT serait recyclé plus tard :
  • l'aura mystérieuse autour des machines et de l'OS (aujourd'hui, on dit « le buzz »)
  • le look exact des fenêtres que l'on a retrouvé dans Windows 95, jusqu'à aujourd'hui
  • le look du desktop que l'on retrouve aujourd'hui dans Mac OS X et Windows 7
  • le look des machines sobres et noires, sans bouton, à écran plat, que l'on retrouve dans les iPhone, les iPad, ...
  • l'OS et son toolkit orientés objets, d'un usage simple et rapide, que l'on retrouve sur toutes les machines Apple
Bref, en 1994, l'aventure NeXT touchait à sa fin et Steve JOBS cherchait des alliances, notamment auprès de SUN. 
SUN était alors tout puissant : le grand « maître » d'Internet (des serveurs DNS, tout du moins, car le web n'existait pas) et le chouchou des facs, des labos de recherche et des développeurs des SSII.

Steve JOBS pensait doter SUN d'un OS et d'un toolkit objet plus moderne, ouvert sur le web « dynamique » en lui revendant les restes de ses composants NeXTStep, adaptés au Web (les "Web-Objects").

Cela ne marcha pas, et plus tard en 1996 Steve JOBS retourna chez Apple (alors au plus mal). Il revint à son poste de patron, avec son OS (et quelques dollars pour l'attirer). Un poste qu'il n'a plus quitté depuis. 
Il œuvra alors à injecter le plus possible "l'ADN" de son OS NextSTEP dans l'OS alors moribond du Mac : ce qui fut fait en 2000, avec la sortie du Mac OS X.

Fin de la parenthèse historique. 
En 1994, Steve JOBS était donc « au plus bas ».... Mais pourtant, l'homme que j'ai rencontré avait « le feu en lui », son charisme irradiait. Tout comme un réalisateur Américain, il avait connu l'échec d'un gros film, mais croyait dur comme fer en son scénario et se projetait totalement dans ses futurs projets.

Surtout, il était « abordable ». Le midi, à la fin de la pause déjeuner, nous sommes montés sur la scène du Palais des congrès de Paris. Un gars barbu, tout seul, était alors assis à la machine de démo projetée plus tard sur grand écran, juste pour vérifier et paramétrer son système.
Nous sommes allés le voir... c'était Steve JOBS. Bouillant sur place comme un ado passionné avec son logiciel perso (Qu'il allait l'après-midi présenter avec une extrême brillance, le palais des congrès fut conquis).
Nous lui avons dit ensuite être quelques "derniers" membres de la communauté NeXT en France et avons échangé quelques mots avec lui. 

Je lui ai notamment demandé pourquoi il ne faisait pas de pub en France de son système génial (Je pense qu'à l'époque, il n'en avait plus les moyens).
Ses yeux rieurs et brillants me fixèrent et sa réponse claire m'est resté marquée : « Si vous croyez en un logiciel, qu'il est bon, faites et refaites des démos pour convaincre. Sa facilité d'usage se communiquera alors inéluctablement de personne en personne. Cela sera alors 100 fois plus efficace qu'une belle publicité martelée pour un mauvais logiciel ».

Lorsque 10 ans plus tard, les iPhones se sont répandus dans le monde comme une trainée de poudre, la démonstration de ces propos fut brillamment apportée.

17 ans plus tard, Google garde toujours la trace de mon compte rendu de l'époque dans les newsgroups :

Car en 1994, le web n'existait pas, mais les newsgroups usenet étaient grandement employés.

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