mardi 20 septembre 2011

Mango, une réelle innovation qui peut arriver trop tard



Ceux qui ont testé le nouvel OS Windows Phone, dont l'interface "Métro" sera bientôt aussi disponible sous Windows 8, sont agréablement surpris. Le système est plus intuitif, fluide et apporte de réelles innovations. L'expérience utilisateur est originale, avec notamment les « tuiles » agrandies. Le look & feel ne ressemble décidément pas au « mainstream » des systèmes iOS / Android, que Mango compte dépasser, ringardiser serait un grand mot.

Certaines fonctionnalités sont intéressantes, comme la compilation des fils de discussion que l'on peut tenir avec une personne via SMS, MSN, FaceBook, Exchange, Twitter, LinkedIn, …le tout accessible depuis la page d'accueil.

Les applications disponibles sont relookées et peuvent être acquises sur le MaketPlace (AppStore) de Microsoft, ou à partir de votre PC, depuis lequel elles sont téléchargées ensuite. (Comme le rapide download d'applications sur une Playstation, pour une PSP).

L'OS emploie Bing, se couplera au Cloud Microsoft et ses services, se couple aux X-Box. Il est bien sur raccordé à Zune, le magasin de musique en ligne.

Mango arrive donc en France, et les poids lourds de la téléphonie proposent déjà leur gamme d'appareils, comme, par exemple, les HTC Titan (le bien nommé, vu sa taille) et Radar ou encore Samsung.

Mango est donc aussi le pari de Microsoft pour une expérience utilisateur modernisée sur Smartphone, mais aussi sur PC via l'interface Metro.

Plusieurs questions se posent :
  • Les innovations de l'interface Metro initiée avec Mango ont-elles un sens sur PC ? Par exemple, le portail de contacts axés « multi-communication avec mes amis » a-t-il un sens sur une machine semi-professionnelle ? A voir, car un PC n'est pas "principalement" un outil de communication comme l'est un smartphone.
  • Les applications sont-elles plus nombreuses et sexy que celles proposées sur iPhone ou Android ?
  • Quelle est la « killing application » qui rend l'usage d'un smartphone sous cet OS « original et exclusif » (On se rappelle tous les merveilleuses applications de l'iPhone qui déclenchèrent la ruée, comme Shazam)

En effet, le marché des smartphones est aujourd'hui encombré, pour Microsoft il faudra donc faire beaucoup mieux que la concurrence pour espérer lui prendre des parts de marché (même si les packages tarifés « opérateur / téléphone » faussent le choix réel de l'utilisateur). N'oublions pas que les utilisateurs jeunes ne sont pas des aficionados d'expérience Microsoft et que la part de marché des Windows Phone est anecdotique à ce jour.

Côté PC, avec un dérivé de l'expérience Metro sur Windows 8, il faudra ici convaincre les utilisateurs familiers du Windows historique. On l'a vu, les tuiles et outils de multi-communications ne sont pas transcendants sur un PC, surtout si il n'est pas tactile. Le changement majeur d'usage pourrait venir de la simplicité de télécharger des applications à la demande, depuis un « App-store / MarketPlace » dans le Cloud. Mais cet usage a-t-il un sens dans les entreprises aux parc applicatif figé et normalisé ? L'usage de l'écran tactile a-t-il aussi un sens dans les entreprises ?

Aujourd'hui, la position de Microsoft me fait paradoxalement penser à celle de Steve JOBS à l'époque de NeXT et NeXTStep. Lorsque Apple, son OS et son finder étaient en perte de vitesse et qu'il fut contraint de partir. Steve JOBS voulu alors bâtir un poste de travail « from scratch » en innovant totalement. 
L'expérience utilisateur était géniale, la machine et l'OS aussi, dépassant de loin les concurrents avec 15 ans d'avance.... pourtant, elle ne rencontra pas le succès, pourquoi ?

Le prix, certes, mais pas seulement.


Les vraies raisons sont celles-ci :
  • Ce fut surtout parce que le marché était déjà devenu encombré par le PC Windows et le Mac, sans laisser de place à une 3ème voie... voir une 4ème avec IBM OS/2, d'ailleurs :-) 
  • Car les concurrents avaient déjà leurs « killing applications »: Word, Excel, Lotus 123 pour le PC Windows, la PAO-Dessin-Architecture pour le Mac, des applications massivement adoptées que NeXT ne put alors pas contrer, malgré de splendides logiciels (comme le tableur Improve), mais trop peu différenciant.
  • Enfin, avant d'attirer les clients d'applications, il faut d'abord attirer les éditeurs et les développeurs d'applications car celles-ci doivent être réécrites (puis maintenues) sur le nouvel OS, lequel doit rapidement disposer d'une large diffusion, afin d'assurer le R.O.I... Pour NeXT les éditeurs "stars" jetèrent l'éponge les uns après les autres, ce qui oblitéra rapidement l'avenir de la plate-forme,
A suivre sur fin 2011 et courant 2012...

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