En cette fin d'année
2011, Microsoft semble avoir été mis au tapis en ayant raté
l'explosion du marché des tablettes.
Mais fin 2012, Microsoft
pourrait paradoxalement gagner le match et remporter la mise, comme lors d'élections où le favori des sondages à une époque,
s'use sous les coups, puis se retrouve dépassé et doublé près de
l'arrivée (Le vieil adage du lièvre et de la tortue).
Comment ce scénario
serait-il possible ? Voici les atouts de Microsoft.... et les
boulets de la concurrence :
1/ La guerre
fratricide des acteurs Androïd
Actuellement, tout
constructeur high-tech qui se respecte sort sa tablette. Il le fait
sur un marché déjà saturé. Les appareils ne se différencient pas,
les prix chutent déjà vertigineusement (- 40%).
Seuls quelques-uns vont
survivre à cette épreuve. Ces survivants seront :
- ceux qui gardent des prix et des marges élevés (Apple)
- ceux qui sont constructeurs de smartphones à succès (Samsung et Apple)
- ceux qui gagnent de l'argent sur le contenu (Amazon et Apple).
On a déjà vu le
mouvement avec HP jetant l’éponge de manière spectaculaire, tous
les autres que sont RIM, HTC, LG, Dell, IBM, Motorola, Toshiba, Acer,
Asus, Sony, …vont souffrir en 2012.
Fin 2012, lors de la
sortie des tablettes Windows 8, bien peu seront encore en état de
combattre.
Ils auront déjà été
usés sur le marché Androïd hyper-concurrentiel qui ne rapporte
rien, et avec la forteresse imprenable Apple en frontal.
2/ Un marché Androïd
qui n'apporte pas de revenus
Les constructeurs et
intégrateurs de tablettes proposent un OS Androïd certes gratuit,
mais qui ne se différencie pas et surtout ne leur apporte pas de
revenus.
Sans un
« Application-Store maison », sans une « suite
Google » packagée avec Androïd et bien rémunérée qui
serait proposée en standard, ce ne sont pas les marges très faibles
des matériels construits en Chine qui les font vivre. Peu d'acteurs
gagneront de l'argent sur des tablettes servant au surf, surtout sans
contenu à vendre dessus, et surtout si les prix sont de plus en plus
tirés vers le bas.
3/ Pouvoir créer,
au-delà de converser et consulter
Force est de constater
que même si l'on dispose d’une tablette Androïd survitaminée ou
même d’un iPad, on se retrouve vite limité en création de contenu. On emploie toujours un PC pour écrire et imprimer un texte formaté, pour
construire un slide-show, pour retoucher une image ou un film, pour
créer un site web ou un blog, pour gérer des données dans un
tableur ou une base de données … Bref, faute d'outil locaux sur
les tablettes, faute d'outils Cloud distants agiles et interactifs,
les tablettes servent aujourd'hui essentiellement à converser, à
consulter, non à créer.
Or si ces tablettes iPad
ou Androïd veulent largement et durablement percer en entreprise, et
entamer le marché du PC, elles devront couvrir plus d’usages que
la simple conversation ou consultation. Sinon, elles seront contrées
sur ces usages (en parts de marché) par les portables qui survivront
majoritairement sous Windows 7 ou 8... et par l’arrivée de
tablettes Windows 8 (on y vient) autorisant, elles, plus de création
de contenu.
4/ Un Google qui perd
l'opportunité d'imposer ses applications sur les tablettes
Google aurait pu tenter
un coup de poker en proposant aux constructeurs des packs Androïd +
une Google « Suite » à un prix cassé. Une
plateforme « de rupture » permettant la consultation ET
la création dans un remake PC Intel + Windows + Office.
Mais non, Google a perdu
du temps avec ses ChromeBooks sous ChromeOS couplés à
GoogleApps/Docs sur le Cloud, des appareils conçus pour contrer le
PC…mais éloigné de l’OS vedette Androïd (et de son Application-Market). Un
Androïd qui au même moment explosait tous les records et se
répandait sur la planète comme rarement un OS ne l'avait fait avant
lui.
Au lieu d’un remake de
Windows par Google, on a eu droit à un mauvais remake d'OS/2.
5/ Un délai pour
bénéficier des avancées technologiques et d'un retour en terme
d'usage
Fin
2012, 1 an ½ de tablettes auront fait évoluer les technologies
(écran, batteries, chipsets vidéo, stockage, ….). Microsoft
bénéficiera alors qu'une deuxième génération de tablettes qui
pointera juste le bout de son nez. S'appuyer sur cette nouvelle
génération de tablettes pour une contre-attaque sera judicieux.
Durant ce délai, il y aura des utilisateurs déçus d'Androïd. Or, on le sait, le marché des tablettes est comme celui des smartphones : très volatil. Les cycles de remplacement sont deux à trois fois plus courts que celui des PCs.
Durant ce délai, il y aura des utilisateurs déçus d'Androïd. Or, on le sait, le marché des tablettes est comme celui des smartphones : très volatil. Les cycles de remplacement sont deux à trois fois plus courts que celui des PCs.
Enfin, ce délai d'un an peut permettre à Microsoft d'étudier
finement les usages afin de peaufiner son interface Métro pour
Windows 8, et ainsi mieux l'adapter aux usages particulier des
utilisateurs de tablettes.
6/ Des moyens
considérables permettant de tenir une guerre
L'éditeur de Redmond
tire encore une manne énorme de son parc mondial de PC (Windows +
Office), en essor dans les pays émergents et de moins en moins
piraté. C'est aujourd'hui le seul acteur du marché qui ne se soit
pas encore lancé dans la guerre des tablettes. Il peut encore investir sur ce marché des moyens énormes, et en diriger vers les constructeurs,
potentiellement déçus d'Android, ses partenaires intégrateurs, ses
clients. On le sait, Microsoft peut « tenir » longtemps
en challenger sur un marché en perdant de l'argent, puis finir par
s'imposer petit à petit. Deux exemples : Ms Exchange face à Lotus
Notes, il aura fallu presque 7-8 ans pour rattraper et dépasser le leader des messageries collaboratives. Ou encore la console X-Box que
peu de personnes voyaient gagnante au départ face au maître Sony,
et son dauphin Nintendo.
6/ Un large
éco-système fidèle qui n'aura pas quitté Microsoft (surtout en
temps de crise)
Point le plus important,
Le très large éco-système Microsoft ne l'aura pas quitté d’un
iota fin 2012, notamment en pleine période de crise. Cet éco-système
d’éditeurs, de VARs, de SSII vit (bien) des nombreux revenus
générés par les infrastructures, les licences, les services de
conseil, d’intégration, de développement autour des technologies
Microsoft.
Microsoft garde donc
cette force de frappe business auprès des entreprises en étant épaulé par
ses armées d' « affiliés Microsoft » dans le monde. Cet
éco-système ne bougera que lorsqu'il existera d’autres revenus
potentiels sur le marché des entreprises. Vendre des tablettes ou
consulter du Web n'est aujourd’hui encore vu que comme une lubie du
grand public, liée à la mode de l'iPhone, de l’iPod ou de l’iPad.
Elle est très peu implantée dans le business des entreprises.
Ce large éco-système
Microsoft privilégiera toujours la solution qui lui assurera avenir,
revenus et pérennité, une solution de compromis qui ne révolutionne
pas TOUS les modèles en même temps, préserve l'acquis, les
compétences, les marges, … et la clientèle. Des tablettes Windows 8
apporteront exactement cette réponse en fin 2012. Elles
s’intégreront parfaitement au SI des entreprises, seront une
extension de leurs parcs, de leurs systèmes, de leurs applications.
* * *
Bref, Microsoft regarde
aujourd’hui de loin la bataille des tablettes qui fait rage, compte
déjà les morts et pourrait donc fondre dans un an sur les
combattants affaiblis pour ré-établir sa loi, celle de la raison.
Ce scénario pourra
d’autant plus devenir plausible si, fin 2012, les smartphones
Windows ont commencé à percer avec l’appui de Nokia. Ils
pourraient alors avoir aidé à démocratiser la nouvelle interface
utilisateur Métro « à tuiles ». Une interface qui se
présenterait alors comme l'une des rares alternative moderne à
celles d’iOS et Android qui sont, elles, relativement semblables.
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